Marchands et colporteurs de dentelles à Usson à la fin du XVIIIe siècle

A quelle époque l'industrie de la dentelle s'est-elle développée à Usson ? Les documents d'archives ne permettent pas de le savoir, que ce soit les registres paroissiaux ou les actes notariés. En effet, les dentellières sont rarement mentionnées dans ces documents : si elles sont mariées, c'est le métier de leur mari qui est donné. Quant aux marchands de dentelles, avant 1750, on en trouve rarement mention , les documents se limitent souvent aux termes de marchands ou négociants, sans préciser le type de marchandises vendues.

Quelques mots sur les dentellières

Parmi les premières trouvées dans ces documents, on peut citer Jeanne Fourchegut, d'Usson, qui est dite « travaillant à la dentelle », lors de son mariage, en 1742 ou aussi, en 1755, Benoîte Rival, de Grange-Neuve, fille majeure travaillant à la dentelle.

A la fin du XVIIIe siècle et même après, elles sont nommées « denteleuses », « ouvrières en dentelles », « travailleuses sur dentelles », « filles de carreau », et plus tard « dentellières ». Dans un même acte, on peut trouver deux dénominations différentes : le 14 janvier 1819, Anne Bergeron, ouvrière en dentelles, fait son testament et donne la jouissance de sa maison pour 4 ans à Françoise Bourgin, fille de carreau, demeurant avec elle à Usson.

Le 31 mars 1788, Françoise Gagnieux, Claudine Courveille, Marie-Anne Faveyrial et Claudine Bouthéon, toutes quatre filles de carreau de Notre-Dame de Chambriat, testent en faveur de Marie Mey, fille de carreau, supérieure des filles associées de Notre-Dame de Chambriat.

Ce n'est qu'à partir de 1841, date du premier recensement, que les métiers apparaissent systématiquement. On découvre alors que dans la plupart des foyers il y a au moins une dentellière. Les recensements de 1856 et 1861 mentionnent une piqueuse pour dentelles ou piqueuse de cartons, Victoire Deperrier (Desperrière, dans son acte de mariage en 1831) originaire de Craponne, épouse de Simon-Pierre Chevojon, tailleur d'habits à Grange-Vieille.

Les premiers marchands de dentelles à Usson

La première mention trouvée date de 1729, mais il pouvait y en avoir bien avant ...

-En 1729, au baptême de leur fille Magdeleine, Jean Lager et Claudine Pallier sont dits : marchands dentelliers à Pontempeyrat. Ils le sont toujours en 1738, pour le mariage de leur fille Jeanne.

-C'est en 1735, lors du baptême de Vital Calemard de Boulaine, qu'apparaît comme parrain : « Vital Mouton, marchand de dentelles, habitant du présent lieu d'Usson ».

-En 1747 est baptisé « Jacques, fils de Pierre Martin et Isabeau Granjon, marchands de dentelles d'Usson ». Cependant, dès 1749, Pierre Martin reprend le métier qu'il avait en 1738 à son mariage : Me cordonnier.

-Le 15 mars 1747, Pierre Giry du Pontempeyrat est mis chez le sieur Ignace Malbost, marchand de dentelles de Saint-Bonnet, pour continuer d'apprendre en entier le commerce de la dentelle1.

-En 1750, un acte, passé chez Me Gallet à Craponne, concerne « sieur Jacques Calemard, marchand de dentelles à la Breure en Auvergne, paroisse d'Usson, tuteur des enfants de feu Louis Calemard, son frère, aussi marchand de dentelles à Craponne … et Antoine Calemard, son frère, aussi marchand à la Breure ».

Mais c'est surtout dans la seconde moitié du XVIIIe siècle que l'on trouve des documents sur le sujet, en particulier à partir de 1780. En voici quelques exemples qui montrent que l'activité dentellière s'est bien développée, à cette époque, à Usson.................................


Une famille de peintres à Pontempeyrat aux XVIIe et XVIIIe siècles

Qui aurait pu imaginer qu'à la limite de la paroisse d'Usson, à la frontière entre Velay et Forez, au bord de la rivière d'Ance, avaient vécu trois générations de maîtres peintres? Et pourtant, les preuves de leur existence sont bien là, enfouies dans les documents du passé.

Le terrier de 1656

Tout d'abord, le patronyme Saigne apparaît avec André, peintre né autour de 1598, marié avec Anthoinette Grand d'une famille de notaires du lieu. Il signe une reconnaissance dans le terrier que le seigneur de Pontempeyrat fait rédiger par Me Chastelle, notaire à Saint Pal, du 7 juillet 1656 au 25 septembre 1672.

Dans ce gros registre de plus de 84 pages, le notaire détaille les unes après les autres toutes les parcelles qui relèvent du cens annuel dû au seigneur local, Pons Daurelle, « escuier et seigneur dudit Pontempeyrat, de Terreneyre, Le Crozet et autres places habitant au chasteau du Crozet ». Chacune de ces parcelles est définie par sa nature (maison, pré, terre, bois...), sa surface, sa situation dans le village, et le nom de ses tenanciers depuis les deux terriers précédents, l'un de 1639 rédigé par Me Valladier de Saint Pal, l'autre d'une date plus ancienne mais malheureusement pas spécifiée. Et enfin, la redevance en céréales, volaille et argent termine le document, signé du seigneur, du tenancier (quand il sait le faire) et de deux témoins. La taxe foncière de l'époque ! De plus, il y est mentionné que le tenancier « a confessé estre homme lige dudit seigneur qui a la justice haulte moienne et basse, charriable maneuvrable et esploitable à mercy ... »

Quels sont alors les biens d'André Saigne, reconnus dans les pages 14 à 16, à la date du 7 juillet 1656 ? La première parcelle, une maison et jardin, qu'il reconnaissait déjà dans le terrier de 1639 mais pas encore dans le plus ancien touche « de matin le chemin tandant dudit Pontempeyrat à Fraixe, de midy le pré de me Guilhaume et Louys Grand notaire royal, de soir la maison de Hierosme Grand, et de bize la rue publique ». Les autres parcelles consistent en un chenevier contenant sept coupes, et à proximité, un pré contenant deux charretées de foin.

Quant à la redevance, à apporter chaque année le 2 août jour de la saint Julien à la maison seigneuriale de Pontempeyrat, elle est de :

« Argent ung sol huict deniers obolle

Soigle troys quartz de couppe

Avoine une couppe et demye

Gelline deux tiers de quart mesure de Saint Pal ».

Où habitait la famille Saigne en 1656?

On peut essayer de situer les différentes parcelles du terrier en tenant compte des éléments géographiques caractérisant le village : rivière, ruisseaux, chemins partant de la voie centrale. C'est ce qui a été fait dans le courant du XXe siècle par un érudit local anonyme.

Outre le terrier de 1656, nous disposons d'autres sources de renseignements concernant cette famille : les actes du notaire Delamartine, le dossier du prieuré aux Archives de la Loire, une chronique locale et deux tableaux à l'hôpital de Saint-Bonnet-le- Château .....................................


Les derniers seigneurs d'Usson

Après le décès de Jacques de La Roue en 1570, sa soeur Jeanne de La Roue hérita et apporta le patrimoine auvergnat ancestral dans la famille de son mari René Hérail de Pierrefort. A la mort de Balthazard Hérail de Pierrefort La Roue en 1690, sa fille Marthe Gabrielle transmit à son tour cet héritage à son mari Joseph Philippe Hyacinthe de Saint-Martin d'Aglié, marquis de Rivarol. Cette famille piémontaise devait être la dernière à posséder la Comté de La Roue.

Marthe Gabrielle et Joseph Philippe, mariés en 1670, ont eu plusieurs enfants. A sa mort en 1704, Marthe légua ses biens auvergnats et foréziens à son fils cadet Louis Anne de Saint-Martin d'Aglié mais sa fille, Claudine Marie Anne, qui avait renoncé à toute succession dans son contrat de mariage avec François Ignace de La Vayssière, marquis de Cantoynet, ouvrit un contentieux contre ses frères. On en trouve trace dans un «factum » publié en 1720 contre son frère Charles Amédée de Saint-Martin. Est-ce par apaisement que Louis Anne donna en 1727 la moitié des biens hérités de sa mère à sa nièce Rose de La Vayssière, fille aînée de sa soeur, tout en gardant l'usufruit et se réservant la seigneurie d'Ecotay? Le 27 novembre 1727, il donne procuration à messire Pierre Gauber (AD63),

« Par devant le notaire royal soussigné et les temoins cy après nommés a esté present haut et puissant seigneur messire Louis Anne de Saint Martin daglié chevalier comte de Rivarol mestre de camps de dragons residant dans son château d'Ecotay parroisse de Verrieres en Forest lequel voulant donner des marques de sa tendre affection a demoiselle Marie Philippe Roze de la Vaissiere sa niece fille de haut et puissant seigneur messire Francois Ignace de la Vaissiere chevalier seigneur marquis de Cantoynet et de haute et puissante dame Claudine Anne Francoise de Saint Martin daglié: il a volontairement par ces presentes fait et constitué son procureur general special et irrevocable mre Pierre Gaubert prestre et prieur de Cantoynet auquel il donne pouvoir de pour et en son nom donner a titre de donnation entre vif pure perpetuelle et irrevocable en la meilleure forme que donnation puisse et doive valloir tant de droit que de coutume sans esperance que ledit seigneur constituant puisse jamais la revoquer ny aller au contraire, a demoiselle Marie Philippe Roze de la Vayssiere qui acceptera ladite donnation, scavoir la moitié de tous les biens et droits et droits mobiliers et immobiliers qui appartiennent et sont echus audit seigneur constituant par le deceds de deffunte haute et puissante dame Marthe Heralde de la Roue de Pierrefort sa mere en quoy que le tout puisse constituer et soit assis et situé sans aucune chose en reserve retenir ny excepter si ce n'est la terre et seigneurie d'Ecotay en Forest et tous les droits que ladite dame de la Roue marquise de Rivarol pouroit avoir sur ladite terre et encore la reserve de lusufruit des biens donnés pendant la vie dudit seigneur constituant, pour estre ledit usufruit aprest son deceds reuni et consolidé a la proprieté et fons lesdites conditions saisir et vestir ladite demoiselle de la Vayssiere de la proprieté desdits biens donnés et en desaisir et devestir ledit seigneur constituant car ainsy il la voulu et a l'entretenement il a obligé tous ses biens presens et advenir,

fait et passé audit château decotay autrement de Querizieu parroisse de Verrieres en presence de messire Jean Sadourny advocat en parlement residant ordinairement en la ville de Clermont en Auvergne et de Guillaume Bouty originaire de la ville et parroisse de Saint Germain Lherme en Auvergne demeurant actuellement vallet domestique chez le sieur Cellin Devintant assesseur en lelection dissoir en Auvergne le vingt septieme jour du mois de novembre mil sept cent vingt sept aprest midy et a ledit seigneur constituant signé avec ledit sieur Sadourny et ledit Bouty a declaré ne le scavoir faire de ce enquis ainsy signé a loriginal De Rivarol Sadourny et Genuyl notaire royal deument controllé a Saint Germain Lembron le 2 decembre 1727 »

et le 16 décembre 1727, reprenant les mêmes termes, la donation a eu lieu au château de Candeze dans l'Aveyron ...........................................