Des loges dans le château d'Usson

Aux Archives départementales de la Loire, parmi des documents concernant la famille de Rivarol (dont certains membres ont été seigneurs d'Usson), se trouve un acte (1 E DEM 4392) particulièrement intéressant concernant le château d'Usson. En effet, il mentionne, en 1705, certains bâtiments, appelés des loges, situés «dans le chasteau d'Usson», c'est-à-dire à l'intérieur de l'enceinte du château d'Usson, loges qui ne figurent plus sur le cadastre de 1824.

Mais ces loges existaient bien plus anciennement et sont citées, en 1462, dans le terrier Danhiec (1 E1 373), terrier de la seigneurie d'Usson, rédigé par le notaire Mathieu Danhiec et conservé à la Diana, à Montbrison.

L'objet de cet article sera d'étudier ces deux documents, d'abord celui de 1705, puis celui de 1462, et d'essayer de situer ces loges dans l'enceinte du château, de savoir quel était leur aspect, leur usage, par qui elles étaient utilisées et de les comparer avec celles qu'on peut trouver dans certains châteaux auvergnats.

Le document de 1705

Il s'agit d'une assignation aux habitants de Mons, datée du 27 juin 1705, faite par le sergent de la justice de la Roue, à la demande de « dame Marthe Gabrielle de la Roue » , veuve du seigneur d'Usson.

Le contexte

C'est au mois de mai 1704 que Joseph-Philippe de Saint-Martin d'Aglier, marquis de Rivarol, seigneur d'Usson, est décédé, à Paris, dans son hôtel particulier. Sa veuve, Marthe-Gabrielle de la Roue, devient alors « dame d'Usson » et hérite de la seigneurie.

Suivant la coutume, elle va en faire renouveler le terrier. Elle a donc dû faire dire à ses sujets, sans doute réunis au son de la cloche, au devant de l'église, qu'ils devaient venir reconnaître à son profit, nous dirions aujourd'hui déclarer, les biens (maisons, terres, prés, bois, …) qu'ils possédaient, relevant de cette seigneurie.

Si certains s'en acquittaient, d'autres étaient négligents ou récalcitrants et il fallait un rappel à l'ordre, c'est le cas, ici, pour les habitants de Mons.

C'est pour cette raison que Nicolas Assier, sergent, va aller sur place, à Mons, pour leur donner l'ordre de se présenter, dans trois jours, devant les officiers de la juridiction d'Usson.

Transcription du début du document

« L'an mil sept cent et cinq et le vingt septiesme juin audit an, je, Nicolas Assier, sergent soussigné, habitant à Usson, immatriculé en la justice de la Roue, certiffie à vous, messieurs les officiers de la juridiction dudit Usson, qu'à la requeste de dame Marthe Gabrielle de la Roue, vefve de Mre Joseph Philipe Hyassinte Saint Martin d'Aglier, chevalher, marquis de Rivarol, résidante en son chasteau de Saint Entesme, …, je me suis transporté au village de Mons, domicile de Vital Petit et Michelle Cateysson sa femme, de là au domicile de Vital Salanon, de là au domicile de Pierre Faveyrial, de là au domicile d'Antoine Rolly, de là au domicile d'Estienne Fourchegut, de là au domicile de Jeanne Daurelle, vefve de Jacques Chandie, tutrice de leurs enfans, parlant pour tous audit Salanon, lequel et les autres susnommés, laboureurs habitans du village de Mons, j'ay assigné devant vous, à trois jours prochains, pour venir recognoistre de nouveau au proffict de ladite dame une loge scittuée dans le chasteau dudit Usson, joignant au vintin d'icelluy du cotté de mattin, la loge des habitans de Lair de bize, la basse cour des autres parts ... ».

Qu'est-ce qu'une loge?

La réponse nous est donnée dans une étude faite par Gabriel Fournier et publiée par l'association « Forts villageois d'Auvergne » intitulée : « Les villages fortifiés et leur évolution ».

Dans le château seigneurial, la basse-cour était un lieu de refuge, en cas de danger, pour les habitants de la seigneurie.

A partir du XIVe siècle, « les seigneurs organisèrent les basses-cours de manière plus rationnelle en procédant à leur lotissement en parcelles, sur lesquelles furent élevés de petits édifices, appelés « loges », « cabanes », « forts », voire des maisons, concédés, moyennant le paiement d'un cens annuel, aux habitants qui le désiraient et qui en avaient les moyens. »

« Les loges qui ont subsisté se présentent comme de petits édifices susceptibles d'abriter du petit mobilier, des vivres et éventuellement de servir d'abris temporaires pour les hommes ; ils étaient le plus souvent composés d'une cave, d'un rez-de-chaussée et d'un étage ».

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Deux actes notariés insolites

1 Usurpations de fonctions en 1727? (AD43 1H227)

"Par devant le notaire royal apostolique soussigné et présents les témoins bas nommés a comparu messire Denis François Delesgalery, curé de l'église et paroisse de ce lieu d'Usson, lequel ayant la présence de messire Benoît Bost, prêtre de ladite église, lui a remontré qu'il n'ignore pas que ledit sieur Delesgalery, en vertu de ses grades, a été pourvu de ladite cure d'Usson par Messieurs les grands vicaires de Monseigneur l'évêque du Puy et en a pris possession publiquement le vingt cinquième août de l'année présente, jour et fête Saint Louis, sans opposition de personne

et néanmoins, ledit sieur Delesgalery a observé dans les registres des baptêmes, mariages et sépultures que, pendant un voyage qu'il fit en la ville de Montbrison où il fut obligé de faire quelque séjour pour pourvoir aux choses nécessaires à son logement dans la cure d'Usson, ledit sieur Bost s'est ingéré de faire les fonctions curiales, a signé dans les registres et pris la qualité de curé commis ce qu'il n'a dû ni pu faire, au préjudice dudit sieur Delesgalery qui est en possession paisible, ni moins prendre et s'approprier les droits de mariages, baptêmes, enterrements et autres casuels qui appartiennent audit sieur comparant lequel à cette cause a fait savoir audit sieur Bost qu'il n'entend ni ne veut qu'il fasse, dans ladite église, aucune fonction curiale d'autant que c'est à lui et à ses vicaires de les faire, ni moins qu'il prenne ladite qualité de curé commis, protestant de la prendre pour trouble à sa possession et de le faire assigner en complainte, comme il proteste de le faire assigner, pour lui rendre compte des droits curiaux et casuels qu'il a perçu depuis le susdit jour vingt cinquième août et de recouvrer contre lui tous ses dépens, dommages et intérêts desquelles comparoissances, sommations, interpellations et protestations ledit sieur Delesgalery a requis à cet égard

Ledit sieur Bost, en parlant à sa personne, a dit que l'exposé est faux à l'occasion de monsieur Delesgalery et a dit que ledit sieur Delesgalery était convenu avec monsieur le Doyen vicaire général que ledit sieur Bost garderait ladite commise jusqu'au temps et n'a voulu signer sa réponse de ce sommé et interpelé

Et ledit sieur Delesgalery a répliqué que l'exposé ci-dessus est véritable et sincère, a dénié d'être convenu en aucune manière de ce qui est avancé par ledit sieur Bost et après la réponse dudit sieur Bost pour trouble de sa possession d'autant mieux qu'il ne fait même pas voir qu'il a été commis. En conséquence a fait ses protestations et réquisitions desquelles réquisitions, remontrances, protestations et sommations et réponse, nous, notaire soussigné, avons octroyé acte auxdites parties pour leur valoir et servir ce que de raison.

Fait et passé dans la maison de .......................................


Les premiers seigneurs d'Usson

Nous connaissons les premiers seigneurs d'Usson par l'église paroissiale en des temps où les églises étaient aux mains des laïques. Toutefois, la première mention d'Usson, dans le cartulaire de Chamalières, évoque son château. Entre 954 et 981, un certain Guitard donne au monastère, pour le remède de son âme et celles de ses parents, un manse situé dans le mandement du château d'Usson.

Si l'acte nous donne le nom du tenancier du manse, il ne nous donne pas celui du seigneur dominant.

« Guitardus quidam dedit Deo et Sancto Theotfredo atque Egidio, in remedio anime sue et parentum suorum, mansum unum, cum curtilio quodam et orto, pratis, silvis et cunctis appendiciis suis, in mandamento castri d'Ussom, in villa Siricalmis; et istum mansum laborat Benedictus. » (Cartulaire de Chamalières-sur-Loire en Velay, Auguste Chassaing, charte 100 Paris, Picard et fils 1895)

Les Baffie

Autour de l'an mil commence l'époque des donations d'églises par les laïques. Les seigneurs, après avoir considéré les églises comme des biens parmi d'autres, préfèrent alors les offrir aux monastères locaux nouvellement créés. Mais les donations d'églises à des monastères, même directes, devaient passer par l'évêché qui considérait qu'il s'agissait, en fait, de restitutions de biens de l'Eglise. L'évêque les rétrocédait ensuite conformément aux voeux des donateurs. Ainsi, en 1087, Adhémard, évêque du Puy, donne à la Chaise-Dieu le prieuré d'Usson que Guillaume de Baffie avait donné à Durand, abbé du monastère. Le Chapitre du Puy ratifiera la donation en 1115.

« acte passé au puy au mois d'avril 1087 par lequel on voit qu'admard eveque du puy donna a l'abbé Seguin et aux Révérends Pères de la chaize dieu le prieuré d'usson avec toutes ses dépendances duquel guillaume de la Baffie qui en etoit seigneur en avoit deja fait donation a durand aussi abbé de la chaize dieu ainsi qu'il est raporté dans ledit acte ecrit sur un petit morceau de parchemin. »(AD43 1H1)

Nous connaissons ainsi le nom du seigneur d'Usson en cette fin du XIe siècle. Il s'agit de Guillaume de Baffie issu d'une puissante famille du Livradois. Son acte de nomination à l'évêché de Clermont en 1096 nous apprendra qu'il est fils de Dalmas de Baffie.

« Guillelmus de Baffia nobili genere natus patrem habuit Dalmatium Baffiae in Arvernia dominum. In duabus chartis que asservantur in tabulario Celsinianensi, Willelmus se appellat Willelmum de Baffia et se dicit Dalmatii filium, nominat que Durannum antecessorem suum. Electum fuisse Guillelmum in concilio Claramontano anno 1096. » (Gallia Christiana LXIII 264c)

C'est cette même année 1096 qu' Adhémar, évêque du Puy, donne l'église de Bauzac qui appartenait à Guillaume de Baffie, en présence de ce dernier, au monastère de Chamalières.

«  … in presentia … Willelmi Claramontis episcopi, cui ista ecclesia pertinebat ... » (Chamalières 102)

En 1100, Guillaume donne encore à l'Eglise, en alleu, le mas de .......................................