Claude Mouton, natif d'Usson, chirurgien-dentiste de Louis XV

Découvrir dans les archives un tel personnage, très proche du roi, bien connu dans le milieu médical de son époque et même après, n'est pas chose courante. C'est un acte de mariage qui a permis de l'identifier et un inventaire après décès qui a révélé son mode de vie à Paris.

Le mariage à Versailles d'un certain « Claude Mouton »

En consultant les registres paroissiaux de Versailles pour d'autres recherches, j'ai trouvé, parmi les actes de l'année 1748, la mention du mariage de «Claude Mouton et Marie-Françoise Rombrette ». Le nom de Claude Mouton, si présent à Usson à cette époque, méritait de regarder l'acte de plus près.

Ce mariage avait eu lieu le 27 février 1748, à Montreuil près Versailles, paroisse Saint-Symphorien. En voici le début : « … après la publication d'un ban faitte tant en cette église qu'en celles de Saint-Germain-l'Auxerois et celle de Saint-Roch, … et les fiançailles faittes le jour d'hyer, ont été par nous, curé soussigné, épousés et munis des sacrements Claude Mouton, âgé de trente-deux ans, chirurgien-dentiste du Roy, fils majeur de deffunts Vital Mouton et de Jeanne Naute d'Usson, de la paroisse de Saint-Germain-l'Auxerois à Paris, … et Marie-Françoise Rombrette, âgée de quatorze ans, fille mineure de deffunts Jean-François Rombrette et de Marie-Catherine Lebelle, cy-devant de la paroisse de Saint-Roch à Paris et à présent de cette paroisse ... ». Un chirurgien-dentiste de Louis XV se nommait donc Claude Mouton et était originaire d'Usson !

La famille de Claude Mouton à Usson

Les registres paroissiaux d'Usson nous apprennent que ses parents, Vital Mouton et Jeanne Naute, se sont mariés à Usson le 22 avril 1698 et ont eu neuf enfants dont trois prénommés Claude, nés respectivement en 1699, 1710 et 1716.

Le chirurgien-dentiste du roi avait 32 ans lors de son mariage, en 1748, c'est donc celui qui est né en 1716. Il est le dernier enfant de ce couple. Il est né et a été baptisé à Usson, le 9 septembre 1716, son parrain a été Claude Faye, sa marraine Marie Mouton.

Son père, Vital Mouton est qualifié de marchand, parfois d'hôte ou de voiturier.

Sa sœur aînée, Marie Mouton, née en 1703, épouse en 1729 Pierre Fayolle, maréchal-ferrant, originaire de Bellevue-la-Montagne.

Le chirurgien-dentiste de Louis XV et le maréchal-ferrant d'Usson sont donc beaux-frères...

Son épouse : Marie-Françoise Rombrette La suite de l'acte de mariage nous apprend que son tuteur est Jean-François Capron, écuyer, chirurgien-dentiste ordinaire du Roi et de la Reine. A peine avait-il été nommé tuteur, le 20 février 1748, par sentence du lieutenant civil au Châtelet, que, deux jours après, le 22 février, le contrat de mariage est passé devant Me Doyen, notaire à Paris, que, le 26 février, ce sont les fiançailles et le lendemain le mariage est célébré à Montreuil près Versailles en présence de plusieurs notables :

« Me Louis Denisot, intendant de Son Altesse Sérénissime Monseigneur le Comte de Clermont1, demeurant au palais abassial de Saint-Germain-des-Prés Estienne Boyer, bourgeois de Paris, demeurant rue Saint-Thomas du Louvre, paroisse Saint-Louis du Louvre

(tous deux sont des amis de l'époux)

Jean-François Capron, tuteur, présent et consentant

André-Paul de Saint-Paul, écuyer, commissaire ordinaire des guerres et premier commis d'un des bureaux de la guerre, demeurant rue Royale à Versailles, paroisse Saint-Louis

Charles du Mouttier, capitaine au régiment Dauphin étranger de cavalerie, demeurant à Paris, rue Saint-Roch, paroisse Saint-Roch »

(Ces deux derniers sont des amis de l'épouse).

Le contrat de mariage

Il nous apprend, entre autres, qu'il y aura communauté de biens entre les époux suivant la coutume de Paris, que Claude Mouton y apporte 10000 livres et que : « en faveur dudit mariage, Jean-François Capperon, écuier, chirurgien-dentiste ordinaire du Roy, … comme tuteur de ladite dame Mouton, …, a constitué en dot à ladite dame Mouton la somme de dix-huit mille livres …et ledit sieur Mouton a doué ladite dame son épouse de huit cent livres de rente de douaire ... ».

Ce contrat fait déjà entrevoir ce que sera le train de vie de Claude Mouton et ce sera confirmé par l'inventaire de ses biens ...................


Les bornes milliaires sur la commune d'Usson

Bien après que le chanoine de la Mure eût décrit une borne milliaire trouvée à « demy quart de lieue d'Usson » en 16701, notre village a été assimilé à Icidmago sur la table de Peutinger comme étant une station entre Feurs et Saint-Paulien, une étape entre les peuples Ségusiaves et Vellaves. Le suffixe gaulois -mago indiquait l'existence antérieure d'un champ de foire ou d'un marché. La borne a disparu. Où était-elle lorsqu'elle était en place et où est-elle actuellement?

On sait qu'à l'époque de sa découverte, elle n'était déjà plus en place mais servait comme pilier de soutien à une galerie. Le chanoine ne dit pas qu'elle était à Grange-Neuve mais beaucoup l'ont prétendu. En 1674, année du changement de mesure, l'ancienne lieue de Paris valait 3248m et la nouvelle 3898m. Un peu plus tard, la lieue des Postes vaudra 4288m. En se basant sur la lieue métrique de 4 km, un demi-quart de lieue ferait 500m ce qui pourrait correspondre à la distance Usson – Grange-Neuve, localités qui, à l'époque, étaient nettement distinctes.

Nous ne reviendrons pas sur la deuxième question pour l'avoir abordée antérieurement (Carnets d'Usson n°10 page 43). Mais la redécouverte de la borne milliaire de Chaspuzac, dans la réserve du musée Crozatier au Puy, peut nous laisser quelques espoirs. Cette borne qui était également considérée perdue, avait été victime d'une double erreur de classement.

Une autre borne est apparue dans les années 70 à la ferme du Mary, ornant, dressée, l'extrémité du portail d'entrée. Monsieur Folléas l'avait trouvée et fait transporter au plus près de son musée. Il l'a léguée avec toutes ses collections au Musée Rural d'Usson où elle est visible, couchée, dans le jardin de curé.

Une autre colonne sur la commune pourrait être une milliaire. Il s'agit du socle de la Croix de Saint Robert à Jonzec. Elle pourrait être une borne de carrefour avec un tableau indicatif des directions et des distances. Enfin, non loin de cette dernière, nous avons découvert une pierre taillée qui, bien que de petite dimension, pourrait provenir d'une milliaire. Son trou de louve qui servait au levage atteste de son ancienneté. Comme une demi-borne a été décrite en remploi dans un mur de l'église Sainte Madeleine de Pontempeyrat, on peut se poser la question. La borne de Chaspuzac elle-même ne mesure que 104cm de longueur. Est-elle entière?

Enfin il faut ajouter la présence, sur la commune, du village de Boulaine, appelé également Abolene dans de nombreux actes locaux. Le nom viendrait de bol hauteur ou de bola borne. La Via Bolena est le nom du chemin de Feurs au Puy au Moyen-Age. Elle passait également à La Boulaine, hameau de la commune de Magneux-Haute-Rive. Les bornes ont pu être installées par les Romains, sur un antique itinéraire gaulois, quand ils ont refait la voie et les ponts comme attesté épigraphiquement sur de nombreuses bornes.

Pour effectuer notre étude, nous nous appuierons sur les noms anciens des chemins et des parcelles, entre le quinzième et le dix-huitième siècles, à la recherche de toponymes évocateurs, Via, Letra, Estra, Périer, Charière, Trève, Croix … pour les anciennes voies et les carrefours et Fix, Fiche, Pile, Lech, Lac, Quoire, Orme ... pour les bornes ......................................


Les Rochebaron de Montarcher dans la guerre entre Armagnacs et Bourguignons

Cet article fait suite à celui paru dans Les Carnets d'Usson n°17 qui traitait du procès entre Marguerite du Mas, veuve d'Alexandre de Rochebaron, et Henri dit Richon, Geraud et Briand dit Macier, tous trois fils de Briand de Rochebaron.

Quelques mots liminaires sur Héracle seigneur de Rochebaron

On trouve tout d'abord, en 1417, dans les « Comptes de Jean Fraignot », Herail (Héracle) seigneur de Rochebaron, chevalier, conseiller, chambellan du duc de Bourgogne. Puis dans les « Dépenses du receveur général du Royaume », le 18 août 1419, Héracle de Rochebaron, chambellan du roi et du duc. Début 1418, la reine Isabeau de Bavière, épouse du roi fou Charles VI, s'était ralliée au duc de Bourgogne après sa prise de Paris, contre son propre fils le Dauphin Charles. Elle a envoyé des émissaires pour mettre en obéissance le Languedoc, l'Auvergne et la Guyenne et nommé Louis de Chalon, comte de Genève, fils du Prince d'Orange, son procureur général. De son côté, le Dauphin qui prendra la tête du parti Armagnac, a nommé l'archevêque de Reims son lieutenant en Languedoc lequel laissera Philippe de Lévis, seigneur de Roche, pour commissaire et, le 14 février 1418, le Vicomte de Polignac son capitaine général du Velay, Vivarais et Gévaudan, provinces qui lui sont restées fidèles.

Héracle a pris le parti du duc de Bourgogne sans doute pour plusieurs raisons: il est mariée à Alice (Elide) de La Roue, fille d'Armand de La Roue, seigneur d'Usson, et le frère de celle-ci a rouvert le procès sur l'héritage des Solignac contre les Polignac. Briand de Rochebaron (le père des trois frères) avait participé à cette guerre. De son côté, Héracle est aussi en procès contre le seigneur de Roche, lui aussi Armagnac. Ainsi va-t-il chevaucher et ravager le pays au nom du duc de Bourgogne.

Le 19 janvier 1419, la duchesse de Bourgogne écrit à la duchesse de Savoie la priant d'engager le sire de Salenove à venir servir le duc. Au mois de mai, le prince d'Orange, en fuite, passe le Rhône et appelle à son secours le sire de Salenove pour entrer en Velay et Vivarais. En juillet, Héracle de Rochebaron, à Pradelles et Langogne, fait jurer fidélité au roi, à la reine et au duc de Bourgogne et aussi à lui-même comme sénéchal de Beaucaire et de Nîmes. Le 11 juillet 1419 a lieu le Traité de paix de Ponceau Saint-Denis: il ordonne

« l'abolition générale de tout le passé, que chacun rentre en ses bénéfices et héritages, qu'on rende les châteaux, villes et forteresses pris par force ou autrement, qu'il n'y ait aucune guerre exceptée contre les Anglais, que le siège mis devant la ville de Parthenay en Poitou et devant le château fort du seigneur de Rochebaron et tous les autres sièges soient incessamment levés ... ». Le 2 septembre, le Dauphin écrit aux seigneurs de Velay et Gévaudan pour leur dire la paix faite avec le duc « et par conséquent de ce que le sieur de Rochebaron avait promis de l'observer et qu'on levât le siège devant son château » et le 14 septembre, le bailli de Forez, Amé Verd, prescrit au prévôt de Montbrison de mettre la forteresse de Rochebaron sous la main du comte et d'enjoindre à la veuve d'Héracle d'expulser du château la garnison. Héracle avait capitulé avant sa mort et sa femme est tutrice de ses enfants . Cette branche des seigneurs de Bas et de Montauroux en Gévaudan ne sera plus mentionnée dans notre article .........................................................