Une lettre, une famille, une maison forte

Aux Archives départementales de la Loire, avec d'autres documents concernant la famille Richard de Pontempeyrat (ADL : 16 J 3), se trouve une lettre, expédiée de Billom, datée du 6 mars 1756, dont le destinataire est :« Monsieur Richard de Pont Temperat chez Mr Chassaing jeune à Riom »

Cette lettre est signée d'un mystérieux « d'Aubignac .J. » dont on ne connait que la signature. Plusieurs personnages y sont cités et le but de cet article sera, si possible, de les déterminer, de trouver leur lien avec la famille Richard et de voir ce qu'ils sont devenus par la suite.

Le début de la lettre de M. d'Aubignac à M. Richard

« Je ne dois pas vous laisser ignorer, Monsieur, qu'il est absolument nécessaire que vous vous rendiez ici sans délai pour en faire partir Sollerol, de peur qu'il n'achève de pervertir Laprade qui ne suit que trop ses mauvais exemples. Il lui en donne de toutte espèce ... »

Déjà, dans ces quelques lignes, on voit que l'auteur de la lettre demande à M. Richard de venir d'urgence à Billom pour y régler un problème concernant des personnes, certainement de sa famille, car on reconnaît le nom de « Laprade » évoquant celui de « Richard de Laprade » qui est celui d'une branche de la famille Richard de Pontempeyrat. Et, de plus, M. Richard paraît en être particulièrement responsable, est-il leur père ?, leur tuteur ?, un proche de la famille ?. Pour le savoir, nous allons rechercher les membres de la famille Richard qui existaient vers 1756, date de la lettre.

La famille Richard de Pontempeyrat

Les registres paroissiaux d'Usson, à l'année 1755, moins d'un an avant la lettre, nous apprennent que :

« le vingt troisième jour du mois de may, a été enterré dans l'église du prieuré du Pontempeyrat, par permission expresse du vénérable curé d'Usson, noble Claude Richard, seigneur du Pontempeyrat, décédé le jour d'hier, âgé d'environ cinquante quatre ans ... ».

Le testament de Claude Richard

Ce testament (ADL : 16 J 3 Acte reçu par Me Daurelle, notaire à Usson), fait le 22 mai, veille de son décès, permet de connaître son épouse et ceux de ses enfants qui sont encore vivants à l'époque de la lettre. Après avoir élu sa sépulture « dans l'église dépendante du prieuré que M.M. les chanoines réguliers de Prémontré, établis au lieu de la Doue, ont, audit lieu du Pontempeyrat, dans la partie située en Vellay », pour ses honneurs funèbres et legs pieux, il s'en rapporte à la bonne volonté «de  dame Marie-Anne Forestier, sa chère épouse, et de sieur Louis Richard, son fils ayné ».

Il lègue à Jacques, Claude, Marin, Pierre et Jeanne-Marie Richard, ses fils et fille, 4500 livres chacun.

Il donne à demoiselle Anne Richard, sa fille, épouse de Me Mosnier, notaire royal de Craponne, 24 livres, ayant été dotée lors de son mariage.

Il donne à dame Marie Alix Richard, sa fille, religieuse professe chez les dames de Sainte Ursule de Montbrison, 10 livres, en plus de la pension viagère déjà léguée.

Son héritier universel est Louis Richard, son fils aîné,.............


Les huitième et neuvième bornes Forez - Auvergne

Ce sont les deux dernières bornes concernées par la vérification des limites qui eut lieu, sur le territoire d' Usson, dans la première moitié du quatorzième siècle.

La huitième borne est posée sur le chemin de traverse qui va dudit manse du Trémolet au manse dit du Champ. (« Octava meta posita est in quodam transmicte tendente de dicto mansso del Tremoley ad manssum dictum de Campo. »)

La neuvième borne est posée à la fin du territoire ou dernière portion du manse du Trémolet, là où le territoire du manse du Trémolet jouxte le territoire du Mazeau Vieux, droit du rocher naturel cité plus haut à la croix de la Lobère ou de la Gachère. (« Nona meta posita est in fine territorii seu ultima parte dicti manssi del Tremoley ubi conjungitur territorium dicti manssi del Tremoley cum territorio del Mazel Veyl tendendo recto a predicto sacso naturali ad crucem de la Lobera sive de la Gachera. »)

La vérification de 1346 ajoute: … et de ce rocher droit jusqu'à la croix de la Gagère, autant que s'étendent les limites du manse du Trémolet.(« et a dicto saxo eundo rectum iter usque ad crucem de la Gagera quantum se extendunt pertinencie mansi del Tremolet. »)

On comprend de ce qui précède, qu'à partir du gros rocher situé à l'est du Trémolet, il convient d'englober, contourner tout le territoire du manse du Trémolet, en partant en direction du manse du Champ, jusqu'à la frontière avec le territoire du Mazeau Vieux et ce, pour aller à la croix de la Gagère.

Nous savons que le village du Trémolet était en Auvergne et frontalier. Nous déduisons que le manse du Champ et le territoire du Mazeau Vieux sont en Forez. En effet, ils ne sont pas cités dans les rôles de la taille auvergnats. Mais pour autant, sont-ils cités dans les aveux du seigneur d'Usson au comte de Forez? Si on trouve traces de « le Mazel » ou encore « Lo Mazel», nulle mention du manse du Champ! Ce manse appartenait-il à un autre seigneur? On sait que les possessions étaient très imbriquées les unes dans les autres au Moyen-Age et que les petits possédants étaient nombreux.

Le manse du Champ

En 1711 (AD 43 Cornet 3E 529_ 133), Jean et Guillaume Valantin, frères, laboureurs du Trémolet, se partagent la succession de Jacques Valantin leur père. Audit Guillaume revient la moitié d'une terre à prendre du côté d'orient, appelée « Le Grand Champ », contenant 11 cartonnées. Audit Jean revient l'autre moitié, du côté de nuit, de même contenance. Ainsi, la terre travaillée par Jacques leur père avait une superficie de 22 cartonnées ce qui est remarquable.

Sur le tout premier cadastre de 1791 (AD 42 L765), cinq parcelles se partageaient l'appellation:

652 Etienne Petit une terre appelée Le Grand Champ 7 cartonnées

670 Cl. Bachelard une terre appelée Le Grand Champ cont 8 cart.

671 Etienne Petit idem 2 cart

672 Michel Valentin idem 5 cart. et demie

673 Antoine Chataing idem 3 cartonnées ........................


La tutelle des filles de Jean d'Usson (1300)

Voici un vieux parchemin, daté de l'an 1300, inédit, relatant les conventions passées lors du changement de tuteur des deux filles de Jean d'Usson . C'est une des plus anciennes chartes concernant cette maison et seigneurie.

« Anno domini millesimo trecentesimo scilicet tertio mensis martii et domino philippo francorum rege regnante noverint universi et singuli presentes pariter et futuri quod

cum materie questionum varie et diverse orte essent seu oriri possent inter dominum Guillelmum dominum dussom ex una parte et dominum Girardum de rossilione dominum de linhone ex altera et Aymericum de linhone tutorem Ahelis et Adzalacie filiarum quondam Johannis dussom ex altera »

« avec l'exposé des questions variées et diverses qui sont soulevées ou qui peuvent naître entre Guillaume seigneur d'Usson d'une part et Girard de Roussillon seigneur de Lignon d'autre part et Aymeric de Lignon tuteur d'Ahelis et Adzalacie filles de feu Jean d'Usson d'autre part

au sujet de l'héritage et succession paternels revenant aux filles dont ledit Aymeric est tuteur et au sujet des droits autres et du reste des actions appartenant aux dites filles et au sujet des torts causés et des ventes faites des biens et droits de Béatrice dame de Lignon par Jean d'Usson feu mari de ladite Béatrice et père des dites filles dommages que ledit seigneur Girard estime à 800 livres tournois et au sujet de l'alimentation, de la garde et de la protection des dites filles par celui ou ceux qui devaient les avoir nourries et protégées au sujet desquelles plaintes spécifiées et établies et d'autres non spécifiées à partir desquelles une question ou un manque de clarté peut naître entre lesdites parties amies du moins associées intervenantes, ils se sont accordées par consensus, bonne volonté, pactes et conventions solennellement sur les stipulations fortes et suivantes dans ce qui suit.

En premier ils ont convenu que ledit Aymeric tuteur rende purement et librement et tienne à restituer lesdites filles à Guillaume seigneur d'Usson leur oncle paternel afin qu'il puisse lui-même les nourrir, protéger et garder comme ses propres filles ou nièces. Agissant , convenant clairement et assurant par ledit seigneur Guillaume seigneur d'Usson que les dépenses qu'il fera pour nourrir, garder et protéger lesdites filles les pourvoyant pour se nourrir et se vêtir, que pour ces dépenses faites, il peut exiger et demander d'elles et de leurs droits, de garder entre ses mains ce qui paraîtra bon à sa volonté. »

De ce premier mariage avec Jean d'Usson, Béatrice de Lignon a eu deux filles, Ahelis et Adzalacie dans notre document. Il était d'usage, soit par disposition testamentaire du mari, soit par décision du conseil de famille en cas de décès intestat, de confier les filles en bas-âge en priorité à la mère ou à un parent proche du côté maternel (ici Aymeric de Lignon). Mais le remariage de la mère qui tombait alors sous la puissance de son nouveau mari changeait la donne. Les intérêts des filles n'étant plus assurés, la tutelle revenait dans la famille paternelle et ce d'autant plus que les filles étaient plus âgées. Guillaume et Jean sont frères mais Jean n'est pas qualifié « seigneur d'Usson » ou « autrefois seigneur d'Usson ». On peut en déduire que Guillaume est l'aîné.

« Cela agissant encore par suite du pacte clairement tenu entre lesdites parties que s'il arrive ou s'il arrivait que lesdites filles se marient que ledit seigneur Guillaume attribuant et constituant aux dites filles ou à leurs futurs maris la terre et l'héritage, les biens et les droits directs ou indirects leur appartenant, ledit seigneur Guillaume peut et doit dudit héritage de leurs biens ou droits et terres retenir l'usufruit dans sa main tant qu'il l'estime, transférant dans leurs biens et droits la possession ou pour ainsi dire la terre et l'héritage susdit aux dites filles et leurs successeurs, par la rétention de l'usufruit se constituant alors le possesseur de l'héritage et de ladite terre en leurs noms.

Acté et convenu que quand il lui arrivera que lesdites filles se marient ..........................