Les bois de Baugne

A Usson, parmi les promeneurs et les chercheurs de champignons, certains connaissent bien ces « bois de Baugne » ou « bois de Bogne » (suivant la prononciation qu'on en fait), car ils sont assez proches du bourg. Mais que signifie ce nom, quelle en est l'origine ? Des renseignements trouvés dans des actes notariés, des terriers, et les documents cadastraux, permettent de donner une hypothèse d'explication.

Situation des bois de Baugne

Ils se situent approximativement dans un espace délimité par les villages de Salette, Epinasse, Truchard, Chassagnoles. En 1824, d'après le cadastre napoléonien, ils sont formés d'un grand tènement composé d'une vingtaine de parcelles, d'une grande parcelle, séparée de ce tènement, appartenant à Me Sigean, notaire, et de quelques autres parcelles isolées. De plus, quatre parcelles sont appelées « Sous le bois de Baugne » et il existait, le long du chemin d'Epinasse à Salette, un communal, traversé par le Chandieu, appartenant aux habitants de Salette, appelé « de Baugne ».

Un début d'explication

C'est un acte1 du 11 juin 1757 qui va permettre de commencer à comprendre l'origine du nom « Baugne ». Il s'agit d'un échange entre Antoine Vialaron, laboureur d'Epinasse, et Me Jean-Baptiste Sigean, notaire royal et procureur d'office d'Usson : Antoine Vialaron donne au notaire sa maison, couverte à paille, avec ses aisances, située à Epinasse : cette maison est confinée à l'est par « le chemin allant au communal appelé de Boni » Près d'Epinasse, on a donc « le communal de Baugne » et « le communal de Boni ». Si la ressemblance entre « Baugne » et « Boni » n'est pas frappante à l'écrit, en revanche, elle l'est à l'oral où les sons « gne » et « ni » sont proches ...

Bois de Baugne cadastre 1824


La première borne Forez - Auvergne

Prima meta posita est in via publica prope pontem de boges ante pedam infirmarie de boges a parte d ussom que quidam infirmaria sita est infra terminos domini comitis bouloignie juxta furcas castri sui vivaylolli 1

En 1346, les gens du comte de Boulogne et d'Auvergne ne s'étant pas présentés une première fois près de la grange d'Usson, une deuxième rencontre fut programmée et eut lieu. Il s'agissait de renouveler et achever le bornage fait en 1340 par le seigneur de Mercoeur. Guidon de Maligneu, gouverneur, Guillaume d'Albayrat, juge, et Durand de Thiers, chevalier, pour le comte d'Auvergne d'une part, Pierre Mitte, conseiller, Pierre du Vernet, juge, et Pierre Boyer, professeur de loi, pour le comte de Forez d'autre part déclarèrent que les bornes et limites posées par le seigneur de Mercoeur devaient tenir sans interruption et pleinement et que la moitié des chemins, sur lesquels avait marché le seigneur de Mercoeur, contigüe à la terre de Forez, serait entre les mains du comte de Forez et l'autre moitié des mêmes chemins touchant la terre du comte d'Auvergne appartiendrait au comte d'Auvergne. Les seigneurs comtes ne devaient rien rechercher ni demander de l'autre côté des limites, pierres et bornes posées en position médiane des chemins et routes. Il faut se demander si notre première borne est la toute première sur la frontière ou la première qui avait posé problème en son temps et nécessité un procès-verbal. Il aurait pu y avoir des bornes avant la première des neuf citées dans le texte ou d'ailleurs d'autres bornes entre les neuf citées, la vérification ne les incluant pas (En 1317 par exemple, deux cents bornes ont été posées entre le comte de La Roue et le comte de Forez sur les Hautes Chaumes). Cependant, comme cette première borne est près d'un pont et que nous pouvons lire dans Jurisprudence Générale du Royaume « quelque soit la nature du cours d'eau, il n'en forme pas moins … une limite naturelle qui dispense de recourir au bornage », nous ferons l'hypothèse que le Chandieu est limite naturelle et que le bornage ne commence que lorsque la frontière quitte la rivière pour les routes et les chemins. Nous savons par les rôles de la taille de l'Ancien Régime que Fromentier et Lissac sont en Auvergne et par les hommages du seigneur d'Usson que Fontaneilles est en Forez. Le comte de Forez avait d'ailleurs, en 1299, échangé Valinche contre Lissac avec Odon de Seneuil pour pouvoir donner Lissac au comte d'Auvergne et parfaire leur frontière (sur le Chandieu).

Prima meta posita est in via publica prope pontem de boges

La première borne est posée sur la voie publique près du pont de Boges. Via publica indique un grand chemin, une route allant de ville en ville, de capitale à capitale (en l'occurrence de Montbrison en Forez au Puy en Velay). Près du pont de Boges nous montre le franchissement d'une rivière. Il s'agit du Chandieu. Le nom du pont « Boges » (prononcé Boguesse en latin) est intéressant. Les bogues de fer sont les anneaux, les colliers qui servaient à retenir les prisonniers attachés à une pierre ou un poteau de bois (Annales du Midi, volume 102). Ainsi, littéralement, le nom serait pont du pilori ou du carcan, instruments qui sont des marques de haute justice. La présence, à proximité des ponts susceptibles d'être celui que nous cherchons, du lieu-dit Bourreau et celle de la Croix de Baile pourraient renforcer cette étymologie. Le pilori était, généralement, une colonne de pierre ayant souvent un écusson montrant les armes du seigneur haut justicier. On y attachait ...


Les notaires d'Usson sous l'Ancien Régime

On commence à trouver mention de notaires ayant exercé à Usson dès le début du XIVe siècle, certains ne sont connus que par leur nom, pour d'autres les archives ont été conservées et nous livrent de précieux renseignements sur la vie de nos ancêtres. Qui étaient-ils ?, comment devenaient-ils notaires ?, ce sont les points qui seront abordés dans cet article.

Qui étaient-ils ?

Des notaires « du pays »
Avant le XVIIIe siècle, les notaires exerçant à Usson semblent être, pour la plupart, soit d'Usson même, soit des environs proches. Ils sont issus de familles bien connues dans la région : famille de marchands comme Mathieu Desolmes, fils de Pierre Desolmes, marchand de Roche (paroisse d'Usson), ou de magistrats comme Christophe Paulzes, fils de Jacques Paulzes avocat, ou de médecins-pharmaciens comme Antoine Sapin, fils de Jérome Sapin Me pharmacien, ou Joseph Daurelle, fils d'Hilaire Daurelle médecin. Souvent aussi ils sont notaires de père en fils (ou gendre), l'office étant héréditaire. C'est le cas des très nombreux notaires Daurelle qui ont exercé à Usson avant la Révolution et dont la famille comptait par ailleurs de nombreux juges, châtelains, procureurs d'office ou avocats. A cette époque, quelques notaires résidaient en dehors du bourg : ainsi vers 1540, Me Anthoine Bergier a son office à Teyssonnières, Me Jean Varenne, vers 1650, à Epinassoles, et Me Pierre Leblanc réside, en 1691, au village du Faveyrial.

Des notaires « étrangers »
Dans le courant du XVIIIe siècle, on voit apparaître des notaires de provenance plus lointaine : Tout d'abord c'est Jean-Baptiste Sigean, originaire de Séverac-le- Château, près de Rodez, qui se marie à Usson avec Antoinette Charet en 1733, et est reçu notaire royal en 1736. Son fils Antoine sera « avocat en parlement et notaire royal reçu en la Sénéchaussée d'Auvergne à la résidence d'Usson ». Quelques années plus tard, en 1774, arrive Charles Joseph Hervé Noyaux : il vient de Saint-Malo et commence par être greffier à Usson, puis notaire royal. Il épouse, en 1780, Marie-Anne Lafarge et leur fils, Jean-Baptiste Sylvain lui succèdera en 1830.

Des notaires royaux, des notaires apostoliques
Sous l'Ancien Régime, coexistaient des notaires royaux, apostoliques et seigneuriaux. A Usson, la plupart des notaires dont on retrouve la trace sont des notaires royaux, nommés par le roi et dont la compétence se limite au ressort de la justice royale dont ils dépendent. On ne trouve pas de notaires seigneuriaux ou du moins ils ne sont pas présentés comme tels.

Par contre, il existe quelques notaires apostoliques, souvent des membres du clergé, nommés par un évêque par exemple, et créés, à l'origine, pour établir des actes concernant les bénéfices ecclésiastiques. Ainsi, en 1438, on trouve à Usson Me Barthélemy Boni, prêtre notaire juré à la Cour de Forez. En 1717, un extrait des registres du Bailliage du Chauffour confirme la nomination de Me Christophe Paulzes comme « notaire royal apostolique en la résidence d'Usson, limitrophe des provinces d'Auvergne et de Forez ». Voici la reproduction de ce document ...