Balthazard Daurelle s'engage dans les armées du roi

Nous sommes sous le règne du roi Louis XIV. Le 3 février 1684, un jeune homme d'Usson, Balthazard Daurelle, va signer son contrat d'engagement dans l'armée royale pour servir sous les ordres du seigneur d'Apinac . L'acte (transcription à la fin de cet article) est passé au château d'Apinac, et rédigé par un notaire de Saint-Pal, Me Cornet. S'il donne bien les conditions de ce service, en revanche, il amène à se poser certaines questions : pourquoi n'allait-il pas servir sous les ordres du seigneur d'Usson ?, et où est-il allé guerroyer ? Avant de tenter d'y répondre, il nous faudra faire un peu plus connaissance avec Balthazard Daurelle et avec le seigneur d'Apinac.

Balthazard Daurelle

L'acte révèle seulement qu'il est le fils de Me Pierre Daurelle, bourgeois d'Usson, mais des actes notariés et les registres paroissiaux d'Usson permettent de mieux connaître sa famille : Il est le fils aîné de Me Pierre Daurelle et de demoiselle Blanche Chalancon qui habitent à Usson, côté d'Auvergne. La famille Chalancon est originaire de Marols où l'oncle maternel de Balthazard, noble Guillaume Chalancon, est secrétaire de la reine. Lorsqu'il fait cet engagement, Balthazard doit avoir vingt et un ans (Les registres paroissiaux d'Usson ne commençant qu'en 1683, il n'est pas possible de retrouver la date exacte de sa naissance.) : en effet, dans son acte de décès, le 3 juillet 1726, il est dit avoir 63 ans, il serait né vers 1663. Le testament de son père, Pierre Daurelle, en 1689, permet de connaître ses frères et sœurs : il a quatre sœurs : Claudine (mariée à Hiérosme Sapin, pharmacien), Marie (qui épousera Jacques Paulzes, avocat en parlement), une autre Claudine (qui épousera Antoine Bodet, greffier de Saint-Pal) et Antoinette (qui épousera Jean Caprais Pourrat, bourgeois de Craponne) et deux frères : Michel (décédé avant 1695) et Christophle (qui entrera en religion).

Le seigneur d'Apinac

En 1684, il s'agit de Charles de Flachat. A cette époque, il a une cinquantaine d'années. Marié à Françoise Chappuis de la Goutte vers 1658, quand il va partir, en 1684, ses sept enfants ont entre 7 et 23 ans. Son fils aîné, qui lui succédera comme seigneur d'Apinac, a 18 ans, il est de la même génération que Balthazard Daurelle. Depuis la fin du XVIe siècle, la famille Flachat possède la seigneurie d'Apinac, c'est le grand-père de Charles qui y est arrivé en épousant Antoinette d'Apinac. Le seigneur d'Apinac, comme possesseur de fiefs, est astreint à l'obligation militaire envers le roi. Charles de Flachat est capitaine de cavalerie de même que son frère Joseph qui est capitaine de cavalerie au Régiment de Saint-Aignan. Son petit-fils, Barthélemy Raymond, sera capitaine au Régiment d'Auvergne, et, à la génération suivante, Laurent de Flachat sera officier au Régiment des Dragons d'Apchon.

La compagnie de cavalerie

L'engagement est fait pour deux ans pendant lesquels Balthazard Daurelle servira en tant que cavalier et recevra la « paye du roi » ...


Faire des sabots, à Usson, au XVIIe siècle

C'est par un contrat passé en 1677, entre l'un des notaires d'Usson, Me Jean Daurelle, et un laboureur de Teyssonnières, Sébastien Verdier, qu'on découvre comment pouvait se dérouler la fabrication des sabots, à Usson, au milieu du XVIIe siècle. En effet, Sébastien Verdier est chargé par le notaire Daurelle de lui faire, non pas quelques paires de sabots pour l'usage de sa famille, mais la quantité de 200 douzaines de sabots, c'est à dire 1200 paires de sabots. Le contrat (transcription de l'acte à la fin de cet article), passé le 1er mai 1677 devant un autre notaire d'Usson, Me Delamartine, donne des précisions sur les conditions de la réalisation de ce travail.

Les parties en présence : le laboureur et le notaire

Il est à remarquer que, dans cet acte comme dans d'autres le concernant, Sébastien Verdier n'est jamais présenté comme un sabotier mais toujours comme un laboureur : peut-être cette activité n'était-elle pas considérée comme un vrai métier : dans l'ouvrage « Introduction aux civilisations traditionnelles de l'Auvergne » (CDDP de Clermont-Ferrand), l'auteur fait remarquer que « Dans le système d 'économie fermée de l'ancienne Auvergne, presque toutes les familles de paysans possédaient l'outillage nécessaire pour confectionner des sabots d'usage. Ou bien il y avait un sabotier par village ou groupe de villages, un voisin à qui on portait des quartiers de bois, un sabotier qui travaillait à façon en morte saison agricole, lui-même étant paysan. Mais il y avait aussi les sabotiers qui travaillaient dans la forêt où ils avaient installé un atelier de fortune.»  Quant à Jean Daurelle, qu'allait-il faire de cette quantité de sabots? Avait-il, à côté de son activité de notaire, celle de marchand ? Mais jamais il n'est fait mention de cela dans les documents où il est nommé. Ou bien avait-il plutôt un rôle d'intermédiaire entre le sabotier et un marchand d'une ville plus ou moins proche ?

Qu'est-ce qu'un sabot ?

Marcel Lachiver, dans le Dictionnaire du Monde rural, le définit comme une chaussure faite d'un seul morceau de bois creusé en forme de pied. D'après lui, les sabots seraient apparus à la fin du Moyen-Age et leur utilisation se serait développée au XVIe siècle. Ils auraient été popularisés par Anne de Bretagne, femme de Charles VIII, qu'on appelait « la Duchesse en sabots ». Par contre, Jean Noël Mouret, dans « Les outils de nos ancêtres », fait remonter l'utilisation des sabots dès l'époque gallo-romaine où ils seraient représentés sur des stèles funéraires.

La matière première : le bois

Dans ce contrat passé avec le notaire Daurelle, il est dit que Sébastien Verdier aura tout d'abord à faire le métier de bûcheron : il devra, à ses frais, couper des arbres dans un bois appartenant au notaire, le bois d'Ecorchevache, alors planté de hêtres. C'est en effet le hêtre qui était parmi les bois les plus couramment utilisés en Auvergne mais les sabots étaient assez lourds et cassants. Les meilleurs bois étaient plutôt le noyer, dur et léger, utilisé pour les sabots de luxe, le pommier, le poirier, le cerisier, le bouleau qui servait pour les sabots d'intérieur, le peuplier, utilisé pour faire des sabots pour des lieux humides car il évitait de glisser ...


Des dolmens sur la frontière à Usson

En 1844, l'ordre du jour du Congrès Archéologique de France (Séances générales tenues par la Société Française pour la conservation des Monuments Historiques. Première séance du 16 juin 1844.) appelait les remarques et la question suivantes: Les dolmens semblent se rallier avec symétrie. Ils sont pour la plupart sur les anciennes voies. Que peut-on inférer de cette disposition? De nombreux participants venant de plusieurs régions de France échangèrent sur le sujet. « Les voies romaines qui sont près des lignes de dolmens ont remplacé les voies gauloises qui comme nos routes devaient être aux frontières des territoires. Les dolmens s'y trouvaient aussi dans le même but de démarcation ». Telle pourrait être leur conclusion.

Quelques années après, M. de Longuemar (Bulletin de la Société des Antiquaires de l'Ouest, 1859) estimait que « la restitution de ces chaînes de pierres sur nos cartes pourrait amener la reconstruction de la plus ancienne carte nationale ». (L'hypothèse fut plus tard battue en brèche et finalement invalidée par la Commission de la Topographie des Gaules qui reconnaissait cependant que certains menhirs étaient des bornes limitantes.) Il avait étudié un exemple de deux lignes de dolmens, « Près de Saint-Martial, se trouve un dolmen qui appartenait à la ligne poitevine faisant face à celle de la Gartempe... », et supposait que le pays compris entre ces lignes « était un terrain vague servant de zone neutre et indécise entre les Lémovices, les Pictons et les Bituriges. P.E. Rougerie exprimait les mêmes idées dans « Recherches sur les limites des peuplades gauloises » (Bulletin de la Société Archéologique et Historique du Limousin, 1862) : « Chaque frontière était double et entre les lignes de délimitation, il existait une zone plus ou moins large de terrain neutre et probablement inoccupé ».

La situation d'Usson dont la paroisse et le bourg même étaient partagés entre Forez et Auvergne sous l'Ancien Régime, nous semble vérifier ces assertions. Son nom ancien était Icidmago sur la table itinéraire de Peutinger et ce nom en -magus indique qu'il s'agit d'un marché datant de la période gauloise, le marché gaulois devenant une station routière gallo-romaine. Une caractéristique de magus champ, lieu plat apte au marché, a été mise en valeur par Camille Jullian: ce type de marché est le plus souvent un marché frontière. De partout dans le monde et à toutes les époques, les villes ou villages de frontières doivent leur développement aux marchés. Ils jouent à la fois un rôle d'échanges entre peuples ou territoires et un rôle d'entrepôts. Au X ème siècle un castrum est déjà attesté à Usson (Cartulaire de Chamalières, 100) et au XI ème siècle, une charte nous apprend que Guillaume de Baffie transféra un marché d'Usson à Viverols (Cartulaire de Sauxillanges, 958), ce qui appuie son ancienneté et sa continuité.

Hermes, termes, bornes

Hermès chez les Grecs était la divinité homogène de Mercure et du Dieu Terme. Son nom signifie borne et cette divinité n'est, comme Terme et Mercure, qu'une pierre limitante et adorée (Histoire abrégée des différents cultes , J. A. Dulaure, 1825). Les piliers de bois ou de pierre qui servaient de bornes et de poteaux indicateurs portaient le nom d'hermès et étaient considérés comme des images du Dieu (Mythologie figurée de la Grèce, M. Collignon, 1885). Les terres hermes appartenaient au seigneur justicier. Ce sont des terres en friche qui ne sont pas occupées. Le mot est à rapprocher du ...