La culture du seigle

L’humanité, tout au long de son périple, a eu le souci constant de sa survie et donc de sa nourriture. Celle-ci a varié au cours des époques. Nos ancêtres les plus reculés vivaient du produit de la chasse, de la pêche et de la cueillette des fruits sauvages. Ils se sont ensuite sédentarisés, ont construit des huttes et des cabanes et appris à cultiver des plantes et des céréales pour faire de la farine. La nature de ces céréales a évolué au cours des siècles et s’est adaptée aux changements de climat. Au milieu du XX° siècle à Usson , on trouvait essentiellement du seigle improprement appelé blé, de la trémoise et de l’orge. Des tentatives de culture du froment furent ébauchées, toutefois, la paille était courte et le grain servit uniquement à la nourriture de la volaille et des animaux. Il semblerait que certains exploitants essaient actuellement de donner une seconde chance à cette noble céréale au grain tendre. L’avenir dira si la terre du haut Forez peut lui être propice. Le maïs, très exigeant en eau, et le triticale, ce dernier hybride du froment et du seigle n’avaient pas encore fait leur apparition.

Le pain, aliment vital

Jusqu’à cette époque, le pain constituait la base de la nourriture. Que le grain vienne à manquer, son prix augmentait avec celui du pain et la pénurie sévissait. Souvenons-nous des grandes famines ou disettes dont la tradition et la mémoire collective ont été marquées de façon indélébile. Nos ancêtres ont payé un très lourd tribut à ces calamités récurrentes qui décimaient les populations et en particulier les enfants qui mouraient de misère. 1694, famine et mortalité ; terrible hiver de1709 ; en 1794, les blés gelèrent à Usson le jour de l’Ascension, la veille et le lendemain ; en 1847 et 1853, la cherté des céréales fut considérable ; en 1879, le prix du blé augmenta d’un tiers, et en 1914, les mauvaises conditions météorologiques se conjuguèrent au cruel manque de main d’œuvre. Il était très difficile de constituer des réserves faute de locaux appropriés ; les terrains cultivés n’étaient pas extensibles et chacun s’appliquait à produire ce dont il avait besoin à court terme sans trop songer à l’avenir dans lequel il n’avait pas les moyens de se projeter. A chaque jour suffisait sa peine...r dans lequel il n’avait pas les moyens de se projeter. A chaque jour suffisait sa peine...

Nouvelles orientations, nouveaux moyens

Après la deuxième guerre mondiale, le machinisme agricole s’est enfin considérablement développé à Usson. L’usage des engrais s’est généralisé, l’élevage des bovins a pris son essor, se diversifiant en production de viande et en production de lait. Le séculaire système économique de l’autarcie a disparu au profit de la production quasi industrielle, bien que l’expression soit un peu surfaite pour notre commune , compte tenu d’un sol généralement granitique, acide et plutôt pauvre, d’une altitude moyenne à peine inférieure à mille mètres et surtout d’un climat continental défavorable, aux hivers rudes, longs et froids. Néanmoins, chez nous, en un demi-siècle, la vie de l’agriculteur, ses activités ont été profondément bouleversées comme l’ont été le paysage et l’environnement. Pendant ces quelques décades, les progrès réalisés par l’agriculture ont été plus importants que ceux constatés depuis le Moyen-Age. Ils ont effacé de manière implacable ce que les siècles antérieurs avaient modelé : mœurs et méthodes. Si bien que seuls quelques anciens qui ont vécu cette époque charnière en ont gardé le souvenir. S’attarder un moment sur le mode de culture du seigle à cette époque ne semble pas inintéressant.

Précisons d’abord que l’ergot du seigle, connu depuis l’An Mil, à l’origine de l’ergotisme, maladie grave qui décima des milliers de personnes en Europe et notamment dans le Forez ...


Sur la trace d’un four banal, à Usson, au XVIIème siècle

Les écrits concernant le bourg d’Usson se sont souvent intéressés au château, aux voies, aux édifices religieux, mais l’existence et la localisation possible d’un four banal n’ont pas, semble-t-il, été abordées. Pourtant, sous l’Ancien Régime, c’était certainement un élément important de la vie quotidienne des habitants du bourg. Cela l’était aussi pour le seigneur d’Usson, Balthazard Herail de Pierrefort la Roue qui, le 29 mars 1670, dans le dénombrement de ses possessions d’Usson côté d’Auvergne (Le seigneur de la Roue est alors vassal du roi de France, en l’occurrence Louis XIV, pour la partie d’Usson côté Auvergne. Il doit lui en rendre hommage et faire un état détaillé de ses possessions et de ses droits seigneuriaux, le dénombrement.), n’oubliait pas de déclarer tenir « dans le bourg d’Usson, un four banal où tous les habitants sont obligés de venir cuire leur pain, à la réserve de quelques particuliers qui ont des brevets pour faire cuire chez eux.» (Chroniques historiques du Livradois-Forez n°23 : « Quelques notes sur Saint-Anthème et sa région » M. Aman) Dans la deuxième moitié du XVIIème siècle, il existe donc un four banal en activité dans la partie auvergnate du bourg d’Usson. Mais où était-il exactement ? Qui l’exploitait ? Qui étaient ces « particuliers » qui faisaient cuire leur pain chez eux ?

Les archives notariales d’Usson, de Saint-Pal et de Saint-Anthème vont permettre de répondre, en partie, à ces questions.

Première trace d’un four

Le cadastre napoléonien ne donne aucun renseignement sur le sujet.

Le document le plus récent qui fasse allusion à un four est le partage des biens de Mre Jean-Pierre Tournier, prêtre d’Usson, le 11 mai 1795 (Archives départementales de la Loire : 5 E-VT 1150-76 : Me Noyaux): dans le lot attribué à Jacques Tournier, son frère, se trouve « une maison, grange, écurie, jardin et basse-cour au devant avec un petit bâtiment appelé le four, contenant le tout environ trois coupes, joignant de matin la rue publique et la maison de Claude Mouton et Jeanne-Marie Tournier, de midi et nuit le pré appelé la Coste, de bize une cour commune et les bâtiments dudit Claude Mouton et des héritiers de François Lardon. »

Deux questions se posent maintenant : ce petit bâtiment appelé « le four » était-il du côté Auvergne et a-t-il été un four banal ?

Un début de localisation

Tout d’abord, une vente passée le 19 novembre 1807 va permettre de situer l’ensemble du domaine (Archives départementales de la Loire : 5 E-VT 1150-90 : Me Noyaux):

Jacques Tournier, qui en est donc propriétaire depuis 1795, vend à Jean-Pierre Suchet, boulanger d’Usson, « une maison, écurie, grange, basse-cour et jardin, le tout contigu, situé à Usson, provenant de la succession de feu Jean-Pierre Tournier, ……… joignant de matin la rue publique et bâtiment de Claude Mouton, de midi et nuit le pré provenant de la même succession, et de bize bâtiment des héritiers de Claude Mouton, basse-cour commune, bâtiment des héritiers Lardon . » 

Ce domaine correspond bien, dans sa description et ses confins, au précédent : le pré « la Coste » faisait bien partie, en effet, des biens de la succession de Jean-Pierre Tournier d’après le partage, et on retrouve les mêmes voisins, ou leurs héritiers, une dizaine d’années après.

Cependant, le « petit bâtiment appelé le four » n’est plus mentionné ...


La bibliothèque du notaire Daurelle en 1790

En 1790, Maître Antoine Rigodon, notaire royal de Viverols est appelé au bourg d'Usson, côté d'Auvergne, dans la maison de Maître Pierre-Georges Daurelle pour faire l'inventaire du mobilier de son père, Maître Joseph Daurelle, notaire royal d'Usson, à la demande de créanciers (Archives Granet du G.R.A.H.L.F.à Ambert).
Dans le cabinet de l'étude, la bibliothèque est alors révélée titre par titre. La liste est reproduite telle quelle. Il a été ajouté un point d'interrogation lorsque la lisibilité n'était pas bonne et qu'il n'a pas été trouvé trace actuelle de l'ouvrage et, dans le cas contraire, entre parenthèses, un commentaire sur le titre ou l'auteur.

Premièrement les numéros 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32, 33, 35 et 36 de l'Encyclopédie , édition de Genève de 1779, in quarto, et trois volumes de planches analogues à l'ouvrage.

Répertoire universel de jurisprudence civile, criminelle et canonique de France en 64 volumes in octavo, édition de Paris 1783, dont il manque le numéro 36.
(Répertoire universel et raisonné de jurisprudence civile, criminelle, canonique et bénéficiale de France par Joseph Guyot)

Les oeuvres de Despeisses, petit in folio, édition de Lyon 1660, en deux volumes (Antoine Despeisses (1594-1658), avocat et jurisconsulte de Montpellier)

Oeuvres de Loyseau en un volume, petit in folio (Maître Charles Loyseau (1566-1627), jurisconsulte, dont le chef d'oeuvre fut son Traité du déguerpissement.)

Oeuvres de Cujas en un volume, petit in folio, édition de 1596 (Jacques Cujas (1520-1590), jurisconsulte, fut le premier des interprètes du Droit Romain)

Traité des fiefs par Lefebvre, petit in folio, un volume, édition de Paris de 1662 (Louis Chantereau-Lefebvre (1588-1658) jurisconsulte et historien français)

Un volume in folio intitulé Lexicon juris, civilis et canonici (Lexicon juris, civilis et canonici, theoretici et practici de Johann Kahl alias Ioannes Calvinus (1550-1614), professeur de droit)

Traité de médecine par Duret, petit in folio, édition de Genève 1665 (Louis Duret (1527-1586), médecin de Charles IX et Henri III, professeur au collège de France)

Autre Traité de médecine par Van Helmont, un volume petit in folio, édition de Lyon 1665 (Jean-Baptiste Van Helmont (1577-1644), médecin et alchimiste belge)

Traité d'anatomie par Leclerc, deux volumes, petit in folio, édition de Genève 1685 (Bibliotheca anatomica, medica, chirurgica... par Daniel Leclerc (1652-1728) et Iacobo Mangeto, titre paru en 1685)

Traité latin sur la foi chrétienne un volume petit in folio, sans frontispice (Le plus célèbre est celui du mystique flamand Ruysbroeck (1293-1381) ...